Critique du Professeur : la série Omar (les débuts de l’Islam)
Une critique d’un professeur d’Histoire pour la série Omar, sur les débuts de l’Islam. Il fallait bien évoquer cette série télévisée qui a fait un véritable carton dans les foyers au Moyen-Orient durant l’été 2012. La série retrace l’histoire complexe des débuts de l’Islam en Arabie. Pour cela, la saga Omar vise à plonger le spectateur dans les années 590 jusqu’à la mort du troisième calife des musulmans, Omar ibn al-Khattab.
La série a connu un succès incroyable auprès du grand public. Mais elle a été vilipendée par certaines autorités religieuses musulmanes. Une question nous intéresse en particulier : cette série peut-elle être utile pour en faire un usage en classe ?
Une série sur la naissance d’Islam
Une superproduction moyen-orientale
Réaliser une série sur les débuts de l’Islam, un pari osé voir fou de la part du réalisateur syrien Hatem Ali et du scénariste jordano-palestinien Walid Saif. C’est le diffuseur Middle East Broadcasting Centre (MBC), associé à un média basé au Qatar, qui a financé la série. Un projet monstrueux : deux ans de travail, une production dans des décors au Maroc, un budget inédit, 30 000 acteurs et figurants, une équipe technique représentant 10 nationalités. Cependant, prévue à l’origine pour 2011, la série arrive sur les écrans pour l’été 2012.
Un choix de diffusion qui n’est pas sans raison. En effet, durant le Ramadan (période de jeûne qu’observent les musulmans pratiquants, pendant un mois de l’année), dans de nombreux pays musulmans, les familles sont réunies. En conséquence, les chaînes satellites diffusent des séries très longues pour couvrir tout le mois de Ramadan. La série Omar compte ainsi 31 épisodes !
Omar et les débuts de l’Islam : une série complexe
La série prend le parti de suivre principalement la vie d’Omar ibn al-Khattab. Commerçant issu d’une grande tribu arabe de la région de La Mecque, en Arabie, qui fut le deuxième calife des musulmans de 634 à 644. La série est vue comme un vaste flashback (retour dans le passé, comme un souvenir) d’Omar se rappelant sa jeunesse. De cette façon, nous découvrons La Mecque dans les années 590 et le début de l’Islam quand un homme, Muhammad | Mahomet (lire cet article que j’ai écrit sur les noms utilisés pour le prophète des musulmans), annonce qu’il est le messager de Dieu (Allah). On découvre les tensions entre les tribus, celles soutenant Muhammad face à celles qui pensent qu’il veut le pouvoir à leur place. On suit ensuite les règnes des califes Abu Bakr as-Siddiq et Omar ibn al-Khattab.
Pour le cadre historique, la série est sérieuse et solide, présentant l’empire romain d’Orient | empire byzantin, l’empire perse sassanide ou encore l’empire chrétien d’Ethiopie face à l’expansion militaire des musulmans.
Une série critiquée car pas assez… religieuse !
La série est une série religieuse. Au sens où elle s’adresse à un public de musulmans, plutôt pratiquants. Tout au long des épisodes, les références au Coran sont très nombreuses. Le projet est d’ailleurs soutenu par Qatar TV qui diffuse aussi… des programmes religieux. Dans cette posture, la série a même reçu le soutien de plusieurs autorités musulmanes. C’est le cas de Youssef al-Qaradaoui, un religieux égyptien qui vit au Qatar, réputé proche d’organisations politiques religieuses.
Signe de ce choix, la série a décidé de ne pas donner de visage à Muhammad. Une recommandation régulière chez les musulmans pratiquants. Ainsi, pour faire imaginer la présence de Muhammad aux spectateurs, une caméra se tourne vers les acteurs : nous imaginons donc la présence.
Pourtant, cela n’a pas suffit. Des institutions religieuses musulmanes ont mis en cause la série. L’université al-Azhar, en Egypte, respectée par de nombreux musulmans, a ainsi considéré que la série n’aurait pas du montrer Omar ibn al-Khattab et d’autres personnages. Des pages Facebook furent même créées pour demander l’interdiction de la série dans les pays musulmans !
L’avis du Professeur
Au regard de ce qui a été dit, faisons le point. La série Omar est historiquement plutôt fiable sur les débuts de l’Islam même s’il nous faut garder l’esprit critique. Le spectacle est assuré et rajoute à la qualité. Mais cette série reste une série tournée vers un public de croyants. L’utiliser en classe ou même l’aborder en classe nécessite un énorme encadrement en rappelant une chose : c’est une série plutôt religieuse non conseillée, par un enseignant, aux élèves. Afin de garantir la neutralité du cours. Si des élèves l’ont déjà vu dans le cadre de privé, ils pourront l’évoquer avec vous à la fin du cours.
Cependant, j’invite des enseignants, intéressés par le sujet, à la retrouver et la visionner. Elle est très poussée dans le détail pour un enseignant qui voudrait se doter d’une solide culture quant aux premiers jours de l’Islam, en compléments d’une lecture d’historiens spécialistes du sujet.
Le générique de la série (avec critique) : une introduction pour un cours sur les débuts de l’Islam
Pour ma part, j’utilise seulement… le générique de la série (ne nécessitant pas d’extraits de la série). Dans cette activité, je vous présente comment le générique permet d’introduire le cours sur la naissance et l’expansion de l’Islam dans le cadre du premier thème d’Histoire en classe de 5ème : Chrétientés et islam (VIe-XIIIe siècles), des mondes en contact. De fait, le générique se présente comme une grande carte de la région que l’on découvre avec des effets de loupe. Vous verrez Alexandrie, Damas ou encore La Mecque, mais aussi les évolutions à La Mecque. Plein d’éléments pour évoquer le contexte avec les élèves.
LABROUSSE Cédric | 24 septembre 2022
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BONUS : pour conclure cette critique, la bande-annonce de la série Omar sur les débuts de l’Islam (en arabe).
