La Révolution française (film, 1989) : la critique du Professeur
Une critique sur le film La Révolution française, sorti en 1989, pour le bicentenaire de l’évènement. Un long-métrage en deux parties : “Les Années Lumière” par Robert Enrico et “Les Années Terribles” par Richard T. Heffon, couvrant la période s’étalant de 1788 à 1794.
Par ailleurs, on n’oubliera pas que des films plus récemment sortis couvrent la période révolutionnaire française, comme Un peuple et son roi (dont vous trouverez ma critique en cliquant sur ce lien), de Pierre Shoeller et sorti en 2018. Cependant, aucun n’a tenté, jusqu’à maintenant, de rivaliser avec l’immense panorama filmé dans La Révolution française.
Un film évènement pour un évènement historique
Une production cinématographique incroyable pour un sujet immense
Pour commencer, il faut souligner le projet titanesque par son ampleur. De fait, afin de marquer le bicentenaire avec une œuvre forte, Robert Enrico et Richard Heffon se lancent dans une fresque inédite : retracer les évènements s’étalant de 1788 à 1794. Ainsi, traiter quasiment tout : des prémices de la révolution à la chute de Robespierre, en passant par la prise de la Bastille, l’exécution de Louis XVI ou encore la Terreur.
Afin de pouvoir absorber le choc d’un film trop long, la décision est prise de le diviser en deux parties. Chaque réalisateur se chargera d’une période. “Les Années Lumière” couvrent la période allant de la convocation (en 1788) des États Généraux jusqu’à la prise du château des Tuileries, le 10 août 1792. Ensuite, “Les Années terribles” se penchent sur les évènements entourant la naissance de la Première République jusqu’à l’exécution de Robespierre.
Un projet impressionnant
Tout d’abord, il faut voir l’homme derrière le projet : le producteur Alexandre Mnouchkine. Deux ans auparavant, il avait produit le superbe Le nom de la Rose, réalisé par Jean-Jacques Annaud. De fait, pour le bicentenaire, Mnouchkine voit grand, très grand.
Avant tout, dans cette production, les chiffres donnent le tournis :
- plus de 35 000 figurants (!)
- des dizaines d’acteurs et actrices (de premiers et seconds rôles) originaires d’une douzaine de pays
- près de 400 techniciens
- des milliers de costumes et perruques
- une vingtaine de lieux de tournage (Château de Versailles, château de Tarascon servant de décor à la prise de la Bastille, etc…).
- 300 millions de francs de budget pour le film (près de 75 millions d’euros actuels…).
Enfin, le tournage débute en février 1988 pour les eux parties. Par ailleurs, il se termine au bout d’une course de 185 jours.
Un casting de talents
Un contexte de commémorations : le bicentenaire de la révolution française
Par ailleurs, l’année 1989 est consacrée aux célébrations du bicentenaire de la Révolution. Ainsi, dès 1986, le gouvernement met en place une mission pour organiser les festivités. Du plus grand évènement international (un sommet du G7 avec l’inauguration de la pyramide du Louvre le 14 juillet 1989) à des bals populaires dans toute la France. Également : des concerts, opéras, cérémonies multiples, tout est fait pour cet anniversaire. En outre, le traditionnel défilé du 14 juillet est spectaculaire avec 33 chefs d’État et de gouvernement présents !
Étant donné ce contexte déjà chargé, les deux parties du film La Révolution française sortent en salles respectivement en octobre et novembre 1989, bien après les fêtes de l’été. Ce fut un terrible échec commercial… Avec à peine 640 000 entrées pour la première partie et… 230 000 entrées pour la deuxième !
Ma critique du film la Révolution française (1989)
Quel enseignant, notamment dans le secondaire et l’universitaire, ne s’est pas penché sur ce film ? Sorti en DVD en 2009 et 2010, suite à de nombreuses demandes, le film fut rapidement en rupture. De quoi effacer ses échecs au cinéma à sa sortie. Ainsi, c’est une célébrité tardive pour cette saga historique.
J’en utilise des extraits avec mes classes, encore récemment. Et chaque année, je réalise à quel point ils l’apprécient. De toute évidence, le travail des cinéastes sur les costumes, les décors, l’atmosphère, est un réel moteur d’entrée dans le film. Cependant, je pointerai une première critique : la première partie est bien trop scolaire ! Tant mieux pour les enseignants et élèves ? Oui ! Mais que c’est longuet… D’autant plus que la deuxième partie, par Richard Heffon, est particulièrement vive et rythmée !
Les rôles sont parfaitement attribués. Les jeux de Sam Neill ou encore d’Andrzej Seweryn, tout autant que l’admirable Jean-François Balmer, aident à se laisser emporter. Le doublage de Peter Ustinov par le grand Roger Carel est un plaisir pour les oreilles.
En outre, quelques raccourcis, des oublis et des inventions des réalisateurs n’empêchent pas une certaine fidélité au récit historique que l’on peut établir pour la révolution.
Quel usage du film La Révolution française en classe ?
Vous pourrez utiliser le dossier pédagogique créé par Zérodeconduite.net, en partenariat, avec l’Agence Cinéma Éducation, dont je vous dépose le lien d’accès ici.
Collège | 4ème :
- Le film servira de support pédagogique, en plus de documents d’époque, illustrations comme textes dans le thème sur Le XVIIIe siècle : Expansions, Lumières et révolutions.
Lycée | Première générale :
- Il sera possible d’étudier des extraits du film pour avancer dans le premier thème d’Histoire de l’année : L’Europe face aux révolutions.
Lycée | Première technologique :
- On pourra étudier quelques extraits du film au sein du première thème L’Europe bouleversée par la Révolution française (1789-1815).
Conclusion
Ce film est une réussite. Son accueil des plus ratés en 1989 a été comblé avec une reconnaissance venue plus tard. Désormais une référence, on passe au dessus de ses défauts. Les enseignants, les élèves, tout comme les amateurs en Histoire y trouveront un plaisir coupable. Je conseille de les visionner comme une série : en découpant notamment le visionnage des deux parties pour les rendre plus faciles à visionner.
Enfin, l’usage pour la classe est à recommander, en attendant d’autres compositions du genre. Et en complément d’autres films comme Un peuple et son roi (2018).
(Après la critique) : les deux parties du film la Révolution française
- Première partie (durée : 2 h 45) : ” Les Années Lumière “
- Deuxième parties (durée : 2 h 34) : ” Les Années terribles “
Bon visionnage !
LABROUSSE Cédric,
Le 7 décembre 2022
Cet article est une production inédite de Cédric LABROUSSE – Tous droits réservés quant à sa production – Tout usage, toute citation, doit s’accompagner du nom de l’auteur, le titre d’origine et du lien vers cet article.
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BONUS : Jérôme Enrico, fils du réalisateur Robert Enrico, a enregistré un reportage au cours du tournage de la partie “Les Années Lumière”, réalisée par son père. D’une durée de 55 minutes et diffusé en 1989, le reportage nous plonge dans les décors, les figurants et des interviews des acteurs principaux… Visionnez le : ici.