Critique du prof’ : Un peuple et son roi (film)
Voici venir la seconde critique de film rédigée pour ce site : Un peuple et son roi, réalisé par Pierre Shoeller et sorti en 2018 en France. Ce long-métrage français couvre la période révolutionnaire s’étalant de 1789 à 1793. Sa particularité est de suivre, comme le titre l’indique, les destins parallèles et croisés d’un roi et de ses sujets. Des sujets qui, peu à peu, deviennent des citoyens. Un roi qui devient le symbole d’un changement qui ne pourrait aboutir sans un acte d’une grande violence.
Un long-métrage historique plutôt réussi
Ce n’était ni calculé ni préparé. Rétrospectivement, je n’imaginais pas que ça prendrait sept ans de ma vie. Que ce serait aussi dur, aussi épuisant, et surtout aussi passionnant… […]
Il y a d’abord eu une longue période de recherche, où j’ai travaillé seul, avec mon producteur Denis Freyd. Et puis très vite, j’ai noué le dialogue avec des historiens. Parmi ceux qui ont vraiment accompagné ce projet, je dois citer Arlette Farge, Sophie Wahnich, Guillaume Mazeau et Timothy Tackett. Ils m’ont aidé à circuler à travers les sources et à éviter les chausse-trappes idéologiques. Avec eux, j’ai lu et relu les débats de l’Assemblée concernant des journées qui m’intéressaient pour le récit. Je me suis plongé dans la Bibliothèque numérique sur Gallica qui est une mine d’or. On y trouve quantité de chansons, de dessins, de caricatures ou d’actes plus politiques. Le film, les dialogues, les décors, les plans, les personnages : tout vient de là.
Pierre Shoeller, dans un entretien avec le CNC, le 25 septembre 2018
Afin de réaliser son film, Pierre Shoeller s’est donc entouré de spécialistes de la période. La présence de Sophie Wahnich, directrice de recherche au CNRS et historienne spécialiste de la Révolution française, comme celle de Guillaume Mazeau, maître de conférence et docteur en Histoire, ayant travaillé sur la personnalité de Charlotte Corday (qui assassina le révolutionnaire français Marat), furent présents pour aider le réalisateur à avancer dans cette période complexe de notre Histoire.
D’une durée de plus de deux heures, le film dresse un portrait inédit de la révolution en suivant une famille modeste vivant dans le quartier de Saint-Antoine, proche de la Bastille. Ils sont présents au moment de la prise de la Bastille (14 juillet 1789). On suit ensuite leurs parcours durant la Révolution, tout en croisant de grandes personnalités (Louis XVI, Robespierre, Marat, etc…) . Louis XVI (joué par Laurent Lafitte) tient une place importante car son destin est étroitement lié à celui des tumultes que connaît son royaume puis la république.
Et des lacunes
Si le film traite correctement les épisodes de la révolution sur lesquels il se penche, on peut évoquer des manques cruels quant au déroulé des évènements. Plus particulièrement dans les années 1792 et 1793. Les terribles journées de septembre 1792 sont ainsi évacuées alors qu’elles apportent un éclairage important pour comprendre comment le pays se fissure peu à peu. Les massacres dans les prisons et la répression des prêtres refusant de prêter serment devant la République auraient mérité un traitement. On comprend que le réalisateur veut montrer, principalement, les bons aspects de la révolution. Mais comme l’ont fait les vieux films du bicentenaire (traités ici et ici), diffusés en 1989, il eut été vraiment pertinent d’évoquer ses plus grandes dérives. Des dérives qui elles même font partie du processus révolutionnaire.
Un roi et son peuple : un film pour tous
La force de ce film réside finalement dans le fait qu’il est accessible à tous. Un public adolescent saura s’en sortir s’il a déjà quelques bases ou s’il apprend le contexte dans le moment du visionnage. Les enseignants pourront y trouver d’excellents atouts pour avancer en classe. Il saura aussi faire une bonne soirée cinéma à la maison en famille avec les parents, grands-parents ou des proches. L’approche qui permet de suivre une famille durant la révolution permet généralement de s’identifier assez vite à cette famille.
Quel usage potentiel en classe ?
Le film aura davantage d’intérêt dans un travail au lycée (niveau première) sur sa profondeur. Pour l’étude de quelques extraits ou encore de ses affiches, on peut débuter un travail en 4ème.
- Nous pouvons étudier plusieurs extraits du film (que l’on aura à cœur de choisir selon nos objectifs de cours).
- Il existe des dossiers éducatifs et pédagogiques sur le film (à récupérer ici).
- Un travail sur les affiches serait tout aussi passionnant. Je vous mets ici en ligne le jeu des six affiches officielles, diffusées par Studio Canal, qui ont permis la promotion du film :
Chaque affiche est centrée sur un évènement et / ou une personnalité suivie dans le cadre du film. Elles peuvent être utilisées pour évoquer le déroulement de la révolution. Par exemple : l’évolution politique de la France entre 1789 et 1793 (l’affiche dévoilant l’Assemblée permet ainsi d’évoquer la monarchie, tout d’abord, constitutionnelle). Pour ma part, je les utilise pour évoquer tout un ensemble de points. Et cela permet tout autant d’évoquer des techniques d’analyses d’images.
Conclusion
Un long-métrage plutôt réussi et efficace. Il sera agréable à (re-)voir pour les élèves, parents comme enseignants. Le film fournit des éléments que l’on peut utiliser (y compris les affiches comme nous venons de le voir). Il apporte un regard sur ces épisodes très complexes qui secouent Paris et la France de 1789 à 1793.
Activité créée par Cédric Labrousse – Tous droits réservés – Citer l’auteur et la source pour tout usage.