Rhénanes : l’échec d’un projet de revue en Histoire Géographie dans l’académie de Strasbourg

En 2010, des enseignants et IA|IPR en Histoire et Géographie de l’académie de Strasbourg, lancent une revue : Rhénanes. Avec un principe simple : des numéros thématiques avec une couverture triple, disciplinaire, pédagogique et didactique. Mais celle-ci est quasiment morte née et n’est plus aujourd’hui qu’un lointain souvenir. Une situation bien triste qui démontre que, sans investissements sur le long terme, une revue peut mourir très rapidement. Une situation bien triste car le projet semblait bien parti… Retour sur l’échec de Rhénanes.

La naissance d’une revue académique en Histoire et Géographie dans l’académie de Strasbourg : Rhénanes

Tout commence en 2010. A cette époque, plusieurs académies se lancent dans la production de revues académiques en Histoire et Géographie. C’est le cas dans l’académie de Toulouse, avec la revue Pastel. Et c’est encore le cas de la revue Cabotage, dans l’académie de Rennes. Ainsi, dans l’académie de Strasbourg, des enseignants en poste et des IA|IPR, sur le modèle d’autres académies, montent leur propre projet. Il prend le nom de Rhénanes. L’équipe, dont les noms n’ont pas survécu jusqu’à nos jours publiquement pour beaucoup de membres, voit grand, très grand.

La communication tourne à plein régime : compte Twitter, site web indépendant. Ce qui n’était pas le cas des revues Pastel et Cabotages, dont les diffusions furent (et sont) assurées par les sites web institutionnels de leurs académies respectives. Il faut souligner cette volonté d’agir avec une certaine autonomie.

Une initiative qui n’aura pas fait long feu…

Le site internet (www.rhenanes.fr) ? Ne le cherchez pas. Il a disparu. Le compte Twitter ? Il n’a jamais vécu. Et la revue, elle n’existe tout simplement plus. A partir de 2014, les publications d’articles cessent. Depuis, les sites académiques de Strasbourg ne conservent quasiment plus aucune trace du travail qui fut effectué. Sinon quelques références, comme ici [cliquez sur l’image ci-dessous pour vous rendre sur ces trois derniers articles de la revue encore en ligne].

Mes recherches sur le net se sont toutes soldées par un échec. La revue est morte. Constat terrible.

Des propositions qui étaient réussies et complètes

Certes, la revue n’a plus été mise à jour depuis 2014, les articles concernent les anciens programmes des collèges et lycées (renouvelés en 2020 et 2019). La section pédagogique de l’académie de Strasbourg, tenue notamment par les IA|IPR, maintient une veille didactique et pédagogique depuis (accessible ici). Mais les publications de Rhénanes encore accessibles sont très instructives. Je veux aborder là quelques exemples afin de rendre un certain hommage au travail qui fut réalisé.

• Le travail de François Dillman sur l’approche comparative en cartographie

Accessible ici dans son ensemble, le travail de François Dillman propose d’évoquer, en Terminale L-ES, une couverture de la question : L’Amérique : puissance du Nord, affirmation du Sud. Au sein du Thème 3 – Dynamiques géographiques de grandes aires continentales (ancien programme de 2011-2012). L’une de ces entrées était : États-Unis-Brésil : rôle mondial, dynamiques territoriales. Pour aborder ce point, il propose alors une chose simple mais qui paraît parfaitement pertinente (et que je pense reproduire comme méthode). Ainsi, au lieu d’aborder les deux pays séparément, tout en construisant le langage cartographique, on réalise les croquis (et légendes) des deux pays… en parallèle ! Dès lors, les élèves vont peu à peu voir les points communs. Mais, aussi, petit à petit, les différences.

• La contribution de Pascal Bauchard sur l’usage du Cinéma dans l’apprentissage en Histoire

Pascal Bauchard, qui fut formateur académique dans l’académie de Strasbourg, a publié une contribution très impressionnante en 2014. Basant sa réflexion sur son propre travail (disponible sur son site personnel, à son nom : http://www.pascalbauchard.fr/wordpress/), considérant l’œuvre cinématographique comme élément utile dans nos disciplines, il propose un condensé de ce qu’a fourni le cinéma quant à deux périodes. La Seconde guerre mondiale et la guerre d’Algérie. L’ensemble est consultable ici. J’ai pu trouver là de nouveaux supports et une confirmation dans mon ambition d’impliquer toujours plus le cinéma dans mon travail.

Ma réflexion sur la revue (ou ce qu’il en subsiste) Rhénanes en Histoire et Géographie dans l’académie de Strasbourg

Se forger une réflexion professionnelle sur cette revue est compliqué.

La leçon est surtout malheureusement humaine. De fait, l’échec terrible de la revue Rhénanes est la conséquence de ce qui fait vivre toute initiative : ses porteurs. Que s’est-il passé dans l’académie de Strasbourg ? On ne le saura jamais. Et ce n’est pas un sujet de préoccupation spécifique et disciplinaire. Cependant, c’est la démonstration qu’une revue institutionnelle dépend malheureusement des dynamiques des équipes au sein de ces institutions et de leurs investissement à un moment ou un autre. La revue Rhénanes en est un rappel.

Que retenir alors ? Que c’est bien triste. Une revue en Histoire et Géographie est toujours une bonne idée, un bon projet. Dès lors, de questionner pourquoi les limiter à des initiatives uniquement liées à un groupe (certes très motivé à son lancement). Il faut intégrer tous les enseignants de l’Académie qui veut se lancer dans de tels projets. Dès lors, on ne dépend pas d’un groupe spécifique. Cela permet une vraie dynamique. Une revue peut survivre et maintenir son rythme de publications. Ainsi, la revue Pastel a disparu dans l’académie de Toulouse depuis 2018. La revue Cabotage a failli disparaître après 2013, et elle a mis encore 4 ans, après un premier retour en 2018, pour revenir en 2022. Ces revues doivent intégrer tous les enseignants.

Pourquoi ne pas imaginer une contrepartie financière aux enseignants en échange de contributions à la revue de telle ou telle académie ? Osons ouvrir le sujet. C’est déjà le cas du réseau Canopé qui rétribue des enseignants fournissant des séquences ou activités.

Par Cédric LABROUSSE

Le 19 janvier 2023

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